Jour 3.29

Jour 3.29 : Je n’oublie pas que, parmi les genres plébiscités par mes lecteurs dans le cadre de la vaste enquête de satisfaction que j’ai lancée et dont je dépouille les résultats moi-même parce que je suis statisticien, data scientist, que j’ai suivi des cours de théorie des sondages et que je ne voulais pas que quiconque regarde les nombreuses photos qui m’ont été envoyées en retour et qui sont du domaine privé, parmi les genres plébiscités, donc, se trouve le commentaire de l’actualité. Avec Eva Green évidemment. Je précise à ce sujet, et pour rassurer les esprits chagrins et jaloux, qu’Eva ne s’est invitée dans ce journal que par hasard : si un bateau nommé Scarletjohanson avait bloqué le canal de l’Ourq pendant une semaine, elle en aurait eu les honneurs avec un enthousiasme non dissimulé.

Voici donc un récapitulatif de ce qu’il s’est passé dans le monde cette semaine.

Nous avons d’abord perdu le mari de la reine (ri de la reine, ri de la reine, le duc d’Edinbourg, le d’E, le d’Edinbourg). Grande tristesse pour le peuple britannique, qui vit, selon Stéphane Bern, un « moment d’unité ». Il faut dire que le prince Philip était un peu leur VGE à eux. Et comme nous sommes en République, nous versons notre petite larme à nous. Sauf le journal le Monde, qui s’emploie à le canceller pour quelques maladresses, mais bon, c’est Le Monde. On a pu gloser aussi sur l’absence de l’américaine honnie, qui n’en finit pas de détourner son rouquin de mari de son devoir, l’attribuant à son sale caractère plutôt qu’aux restrictions de voyager qui s’imposent aux femmes enceintes à partir d’un certain stade. Il s’enterre aujourd’hui, Philip. Entrée du cercueil sur du Jean-Sébastien Bach, pour remémorer les origines saxonnes de la famille de Saxe Cobourg-Gotha. Lecture du livre de Ben-Chirac le sage, qui rappelle que le Royaume-Uni a été fondé par la France. Beaucoup d’orgue, parce que c’est quand même le plus beau instrument du monde. Et beaucoup d’émotion.

Cette semaine, il y a eu aussi notre grand moment de fierté nationale, le passage du seuil fatidique, dont j’ai déjà traité car il méritait une chronique à part. Je vous remets dans l’ambiance sonore : https://www.youtube.com/watch?v=HAiHEQblKeQ. Nos amis anglais, durement meurtris par l’épidémie, jouent la contrition. Ils n’ont décidemment pas le sens de la fête.

Cette semaine, il y a aussi eu une sénatrice LR piégée par Mediapart alors qu’elle sort (sans masque) d’un « déjeuner de travail » au Meurice avec le président d’une Fondation pour qui elle « travaille ». C’est fou comme, depuis que les restaurants sont fermés, les déjeuners non télétravaillables sont devenus indispensables. Bref, au début on a un peu de la sympathie pour elle tant le piège de Mediapart est grossier, mais sa défense témoigne une telle déconnexion qu’on oublie très vite cet élan premier de générosité. « Il faut bien qu’on travaille », nous dit-elle. Et non, qu’est-ce qu’on fait, de coup de téléphone en réunions Skype toute la journée depuis un an ? On enfile des perles ? Ben non, justement, l’enfilage de perles n’est pas télétravaillable. Contrairement à la rencontre clientéliste avec un président d’une fondation dotée de moyens manifestement impressionnant et dont l’usage des notes de frais devrait peut-être être revu.

Sinon il y a du rugby féminin. Enfin quand ce n’est pas déprogrammé pour retransmettre des obsèques princières consort (sauf quand on n’a plus le droit de sortir à cause du Covid). Et Patrick Ollier qui est visé par une plainte pour « détournement de fonds publics ». Mais tout le monde s’en fout, apparemment.