Jour 3.9

Jour 3.9 : Réveil 6h pour lancer la routine sportive matinale. On ne va pas se laisser abattre. Auparavant je me levais à 6h30 mais depuis que le gouvernement régente nos horaires je me suis calé sur la fin du couvre-feu : autant profiter un maximum du confinement auquel il laisse place ! Ce que je trouve plus dur, en revanche, c’est de me coucher à 19h (mais c’est une autre affaire).

Bref, le réveil sonne à 6h. Je suis en pleine forme : j’ai passé la nuit à réfléchir à un nouveau « Sel ou Poivre ? » du Burger Quizz. « Evergreen, Eva Green, ou les deux ? » : gros potentiel. En vrac : « est resté(e) bloqué(e) un moment sur l’Égypte », « Grosse contenance », « pèse moins de 300 000 tonnes », « a changé récemment sa photo de profil », « peut abriter un avion de chasse », « digne d’un vrai James Bond », « s’il y a besoin d’une pelle, je peux aider », « peut encore être doublé(e) », « s’envole au moindre coup de vent », « joli châssis ».

Tout cela me met dans les meilleures dispositions pour enchaîner comme d’habitude footing, pompes, abdos, étirements, avant de déguster quelques tartines d’épeautre de quinoa avec leur confiture de chou kale.

Et là, erreur fatale : j’ouvre mes volets. Je m’attends à la luminosité des jours précédents, un peu différente en fonction de la météo mais qui fleure bon, en tout cas, les journées qui rallongent. Ouvrir les volets était une erreur. Bon, à un moment, pour le footing, il aurait de toute façon fallu sortir, on est bien d’accord. Mais là, l’obscurité la plus totale. Nous voilà de retour au plein cœur de l’hiver. A travers une brume glaciale et dense, de pâles halos évanescents témoignent faiblement de la résonnance fragile de quelques réverbères publics. Existent-ils encore, ou ne sont-ils qu’un lointain écho d’une période plus lumineuse ? Je ne saurais dire. Il me semble qu’une dame blanche m’appelle. « Eva ? » me hasardé-je… Puis-je la délivrer ? Je ne sais pas, je ne sais plus, tout est si noir dans ma tête et dans mon environnement. Je me laisse envahir par cette obsédante obscurité, et je m’y abandonne. Adieu.

La lumière a perdu, les ténèbres ont gagné. Il me semble qu’on aurait pu enterrer cette idée d’heure d’été avec son initiateur, mais non, ce sont les décidemment les meilleurs qui partent en premier. Le soft power du Loir et Cher, ça va trop loin…